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L'origine du mâle

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Sous les hashtag #balancetonporc ou #moiaussi (#metoo chez les anglo-saxons), les témoignages d’agression et de harcèlement sexuel se multiplient comme des petits pains. Le phénomène en dit long sur l’ampleur du drame. Car l’affaire Harvey Weinstein n’est malheureusement que la partie émergée d’un véritable iceberg culturel. Derrière ces révélations, toutes plus sordides les unes que les autres, se cache en effet un mal profond qui, loin du strass et des paillettes d’Hollywood, touche toutes les couches socio-professionnelles de la population féminine. Face au déluge d’accusations et de scandales qui inondent désormais les réseaux sociaux, on ne peut s’épargner un examen de conscience collectif et tenter de comprendre l’origine de tels comportements inacceptables. Comment en est-on arrivé là ?!

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C’est sur le plateau de l’émission Quotidien, de Yann Barthès, que l’actrice Florence Darel apportera la réponse : « Depuis des siècles, les religions ont fait que les femmes sont celles par qui le péché arrive. Quand les hommes arrêteront-ils de considérer les femmes comme des butins ? ». L’actrice ne parle évidemment pas d’un Dieu en particulier mais bien de « la religion » dans sa globalité. Et elle a raison. Ce concept plusieurs fois millénaire créé par les hommes est bien à l’origine du mal. Il est là le coupable. Car au-delà des divergences idéologiques qui les ont conduites à s’entretuer depuis des siècles, le point commun des 3 religions monothéistes est aussi limpide que de l’eau de bénitier : la servitude de la femme. 

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« Que les femmes soient soumises à leurs maris, comme au Seigneur, car l’homme est le chef de la femme, comme le Christ est le chef de l’Eglise ». (Épitre de St Paul aux Éphésiens, chap 5 , v 22 - 28) 

Le voilà, le deal, résume Sophia Aram sur France Inter. Pour acheter la soumission des hommes à leurs Dieux, les religieux de tous poils ont offert en échange la domination de l’homme sur la femme. Le résultat de cette doctrine archaïque est un héritage culturel vieux de 2000 ans au cours duquel nos sociétés machistes ont institués l’inégalité homme-femme comme la base de toute construction sociale. En effet, si le monde est ainsi construit autour de la domination des hommes, ce n’est pas parce qu’ils auraient prouvé au fil des siècles leur éventuelle supériorité intellectuelle. C’est uniquement parce que la religion - les religions - l’ont voulu ainsi. 

Voilà pourquoi, aujourd'hui encore, nous tenons pour socialement acquis le rôle du mâle dominant comme une évidence au point de nous faire accepter des faits de harcèlement pour de la ‘’maladresse’' ou de la ‘’grivoiserie’’. Voilà comment ces textes préhistoriques écrits par des hommes, jamais par des femmes, ont laissé germer l’idée dans la tête de gros porcs comme DSK ou Weinstein qu’ils disposaient d’une autorité naturelle pour soumettre leurs victimes à leurs désirs. Voilà comment on en arrive à des aberrations judiciaires telles que récemment au Portugal où le Tribunal de Porto s’en réfère à la Bible pour excuser les coups d’un mari violent, lui évitant ainsi le verdict qu’il mériterait. 

 

Aussi douloureuse soit-elle pour certains, la réalité est que les femmes ne naissent pas soumises. La religion, qu’on appelle aujourd'hui avec mauvaise foi ‘’tradition’’, lui ont appris à le devenir. Ne pourrait-on se débarrasser une fois pour toutes de ces vieux démons ? Ne pourrait-on abolir le concept même de religion en tant que vérité historique et ne retenir de ces idéologies que les messages de paix et de fraternité qu’elles sont sensées véhiculer ? 

La question peut paraître saugrenue dans un monde baigné de Christianisme et de repos dominical, mais si l’on se réfère à une récente étude, 63% des français se déclarent totalement athées ou ‘’sans religion’’. Une réalité inversement proportionnelle à la place du religieux dans les médias, et par voie de conséquence dans le quotidien des français, comme le souligne avec humour le coup de gueule de Nicolas Bedos. 

Le principe de majorité étant la règle en démocratie - du moins en théorie - la France ne pourrait-elle ainsi passer d’une laïcité hypocrite à une forme d’athéisme assumé ? Une société dans laquelle les minorités religieuses seraient évidemment libres de vivre leurs croyances, quelles qu’elles soient, mais dans la limite de la sphère privée et des lieux de cultes dédiés. Tout signe extérieur d’appartenance à une religion, aussi ancestrale fût-elle, n’aurait alors plus lieu d’être dans l’espace public.

 

Ma proposition est un poil provocante, j’en ai conscience. Vous conviendrez toutefois que l’idée d’un monde apaisé où les femmes seraient enfin traitées à l’égal des hommes est une perspective qui devrait réjouir les plus humanistes d’entre nous. Mais que les machos se rassurent. Ce n’est pas demain la veille que l’être humain retrouvera son libre arbitre et sa capacité à penser par lui-même. On ne se débarrasse pas facilement de 2000 ans de superstitions transmises de générations en générations comme autant de vérités indiscutables. Révoquer les Dieux et les renvoyer vers leurs Olympes est tout aussi illusoire que tenter de faire rentrer le Génie dans sa lampe ou le dentifrice dans son tube. 

 

Dès lors, tant que nos société dites modernes ne se seront pas débarrassés de ces traditions primitives et des légendes patriarcales qui les justifient, de charmantes hôtesses court-vêtues poseront devant des bagnoles pour séduire le regard du con-sommateur masculin pendant que d’autres accueilleront, tout sourire, le vainqueur d’étape d’un Tour de France tout aussi masculin. On continuera à trouver normal qu’à compétences égales le salaire des femmes soit 20% inférieur à celui des hommes et que, par respect d’une tradition antique, un voile ou une perruque leur soit imposés pour dissimuler leurs cheveux.

 

Autant le dire tout net, tant que l’intelligence humaine se pliera devant la croyance divine, les mentalités n’évolueront pas. La place des femmes restera associée au mieux à un élément de décoration, au pire à un trophée qu’on exhibe. Mais le miracle n’étant pas annoncé pour demain, les #porcs ont encore de beaux jours devant eux.

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